Photo de la Conférence Museums Association Brighton. ©Museovation

Formation et initiatives numériques (#museums2019 — Part 5)

Elisa GRAVIL , Museovation
7 min readOct 16, 2019

Cet article est le dernier d’une série de cinq articles restituant les présentations et débats de la conférence annuelle de la Museums Association, U.K., Brighton 2019.

Quand Microsoft cherche à séduire les musées

Lors de #MuseWeb2019 à Boston (sponsorisé par Microsoft), Catherine Devine, a lancé le programme Microsoft pour les musées. L’objectif était alors orienté vers l’intelligence artificielle et son emploi par les différentes GLAM. Depuis, un comité pilote, pour l’essentiel composé de musées américains et piloté par Ariana French (Director of Digital à l’American Museum of Natural History), travaille sur le sujet.

Photo©Museovation Slide de Mme Catherine Devine, présentation MuseWeb 2019

Lors de Museum Next de Juin 2019 à Londres (sponsorisé par Microsoft), Catherine Devine dans sa nouvelle présentation a élargi le champ d’interactions souhaitées par Microsoft pour les musées.

Photo©Museovation Slide de Mme Catherine Devine, présentation Museum Next Londres Juin 2019

Enfin lors de la conférence annuelle du Museums Association à Brighton (sponsorisée par Microsoft), BPOC, le nouveau partenaire de Microsoft pour mener à bien ce projet, s’est vu confier la tâche de comprendre les besoins et freins d’une collaboration avec les musées. Après une tournée aux États-Unis, ils entreprennent désormais de se présenter en Europe en commençant par l’Angleterre suivie des Pays nordiques puis France, Allemagne et Espagne.

Balboa Park Online Collaborative (BPOC) a la particularité d’être une entité non lucrative qui développe depuis longtemps des projets technologiques aux seins des GLAM. Leur première analyse des besoins a encore conduit Microsoft a élargir le champ des possibles avec la définition de quatre domaines:

  • les collections et la recherche : numérisation, gestion des collections, musée virtuel, …
  • les visiteurs : expérience, éducation, exposition VR/AR, plateformes de lecture en ligne…),
  • l’opérationnel : ticketing, fundraising,..
  • l’infrastructure numérique : smart building (IoT), cloud management …
Présentation de Nik Honeysett, BPOC, Museums Association, Brighton

Microsoft semble vouloir rattraper son retard sur IBM Watson et principalement Google Arts & Culture, tout en adoptant une position de partenaire et non d’acteur du monde muséal. Son blog parle de:

Libérer les arts par de nouvelles expériences”: Des artistes et des institutions de premier plan continuent de repousser les limites de la technologie.

Depuis trois ans Microsoft ne cesse de participer à un très grand nombre d’initiatives en lien avec leurs technologies. Pour ne citer que les plus visibles:

  • Mauritshuis Museum: le dernier Rembrandt, créé de toute pièce grâce à un programme de GAN (Ggenerative adversarial networks/ unsupervised learning) et de technologie 3D.
  • Les Plans Reliefs Paris: Mont Michel en Réalité Mixte grâce à Microsoft Hololens
  • Collaboration avec le MET et le MIT sur des Hackatons : Sparking global connections to art, projet de machine learning consistant à entrainer une IA sur des images et des mots clés grâce à Azur Custom Vision.

Par ailleurs dans le domaine des jeux vidéo et de l’éducation , Microsoft possède Minecraft Edu avec un module spécifique sur les musées.

Lors du lancement de l’expérience sur le plan relief du Mont Saint Michel, Brad Smith, Président de Microsoft, par ailleurs francophile et francophone, a déclaré qu’il s’agissait d’une “Digital Renaissance”.

“Dans le passé, la technologie américaine a parfois été vue comme « invasive », menaçant l’exception culturelle française. La mise en ligne de la culture a également pu être une source de tension par rapport aux musées français. […] De la décision à la réalisation, il s’est écoulé 11 mois. On est donc allé très vite mais on a bâti quelque chose. Pas « cassé » quelque chose. On ne remplace pas la visite au musée par une séance derrière son ordinateur. On « augmente » l’expérience une fois sur place. C’est complètement différent. […] On ne veut pas que les gens n’aillent plus dans les musées, et restent chez eux avec un casque ! Au contraire. Allez au musée, utilisez cette nouvelle technologie, et voyez combien l’expérience est encore plus enrichissante.” Entretien de Brad Smith, Président de Microsoft à Paris Match Publié le 25/10/2018

Les visées de Microsoft ne sont pas très claires bien que leurs activités commerciales concernant le placement de leur système de cloud computing et services AZURE ne soit pas nié.

Notre credo est simple et clair : Développer des nouvelles technologies et faire des partenariats avec des institutions, des gouvernements ou des sociétés privées pour qu’elles puissent développer ce qu’elles souhaitent faire dans le domaine qui leur est propre” Brad Smith discours lors de la conférence de presse pour le lancement de l’expérience Plan relief.

Ils sont encore dans une phase de tâtonnement mais il serait dommage pour les musées français de s’en passer, ne serait-ce que pour créer un principe de concurrence entre grands financiers technologiques de la culture et rejoindre en cela les réserves émises par la Museum Association elle-même.

“There are a number of very valid criticisms of working in a way which transfers some control (and potentially the ability to generate income) to tech companies” Museums Associations -Keynote Museum computer Group 2018-Funder influence and GLAM independence-

BPCO et Microsoft disent avoir intégré les freins et souhaitent pouvoir les lever dans un principe de coopération équitable pour tous. Ils proposent à ce titre de commencer par participer à la formation des personnels de musées au numérique dans le cadre de ‘One by One’ (sujet ci-après). Il sera intéressant de voir la place que Microsoft va accorder à la culture et aux Arts lors de sa grand messe technologique le 14 et 15 novembre à la porte de Versailles: Microsoft Ignite et Microsoft Envision.

Grande vague de formation au numérique dans les musées anglais

Parallèlement à la grand offensive de Microsoft, se développe depuis trois ans un vaste programme de formation sur les différents métiers et enjeux du numérique au sein des musées anglais: le projet ‘One by One, Building digitally confident museums. Initié et piloté par Ross Parry de l’Université de Leicester, il est mené en collaboration avec des musées de taille et de collections très variées.

Dans un premier temps les équipes de Ross Parry ont réalisé un audit du numérique dans les musées anglais . Elles ont identifié quatre types de maturité avec les besoins respectifs en termes de formation ou de réorganisation du numérique au sein des équipes de musées. L’objectif de ce projet est d’accélérer la transformation digitale de ce secteur, enjeu vital de l’avis de tous.

Slide de Présentation Museum Computer Group 2018, keynote Kati Price, CDO V&A, Londres

Désormais, ‘One by One’ est entrée dans sa phase opérationnelle. Plusieurs formes sont expérimentées selon les besoins et la taille des musées.

  • Le Palace Museum de Brighton a choisi un accompagnement d’équipes avec intégration d’un formateur extérieur.

Tout a démarré par des ateliers pour recueillir la parole des différentes personnes susceptibles d’être intéressées ou en contact avec une ou plusieurs dimensions numériques au sein du musée. Ce “polyvocal exercise” recouvre deux objectifs :

1° ) Comment développer au sein des personnels de musée une certaine confiance dans le numérique voire même un “courage” à l’embrasser ?

2°) Comment transmettre les compétences à un plus grand nombre de gens pour démultiplier le storytelling des collections en utilisant la technologie ?

The diffusion of innovation is essentially a social process in which subjectively perceived information about a new idea is communicated from person to person. The meaning of innovation is thus gradually worked out through a process of social construction” Evrett M Rogers, Livre “Diffusion of Innovation.”

Les équipes du Palace Museum à Brighton ont choisi le podcast pour embarquer le plus grand nombre de gens dans un projet numérique global.

  • La Museums Association ouvre pour sa part une plateforme de MOOC

La plateforme devrait ouvrir fin octobre. Les MOOCS sont gratuits, non limités dans le temps, accessibles à vie, mais non certifiant, offerts dès lors que l’on est membre. Les premiers modules démarrent fin octobre.

Chaque MOOC comportera 5 sections : une vision générale pour déterminer les enjeux, 3 modules d’approfondissement, un module opérationnel pour accompagner le changement. Pas de devoir à rendre mais des quizz pour valider son apprentissage tout au long de son parcours.

Les deux premiers MOOCs portent sur:

  • Comment travailler avec des Collections
  • Comment travailler de manière éthique

D’autres sont en cours et viendront s’additionner, peut-être complétés par les formations Google ou Microsoft sur des problématiques spécifiques musées.

A noter un article sur le blog de Museum Next sur la place des MOOCs dans les musées : What can Massive Open Online Courses do for Museums?

THE END

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Elisa GRAVIL , Museovation
Elisa GRAVIL , Museovation

Written by Elisa GRAVIL , Museovation

CEO of #Museovation. Love to share my experiences with others about digital transformation in cultural institutions. Let’s get in touch on Twitter: @ElisaGravil

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