Photo de la Conférence Museums Association Brighton. ©Museovation

Éthique, responsabilité sociale et environnementale dans les musées (#museums2019 — Part 4)

Elisa GRAVIL , Museovation
6 min readOct 15, 2019

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Cet article est le quatrième d’une série de cinq articles restituant les présentations et débats de la conférence annuelle de la Museums Association, U.K., Brighton 2019.

La conférence annuelle de Museums Association U.K. était particulièrement intense tant par l’enjeux des questions soulevées que par l’atmosphère très militante des animateurs ou intervenants, elle a permis d’affronter les problématiques qui secouent les musées anglophones : rejet de la nouvelle définition de l’ICOM à Kyoto, décolonisation, accessibilité, responsabilité sociale et environnementale et enfin formation digitale.

Qu’est-ce que signifie être RSE dans le milieu muséal ?

La question de la responsabilité environnementale des musées comporte de nombreux chapitres qui ont tous plus au moins été abordés pendant les trois jours de conférence:

  • Élaboration d’expositions abordant le sujet du changement climatique dans les musées scientifiques : Cas du Greenwich Museum, du Science Museum, du Museum of Design in Plastics abordant la pollution des océans par le plastic ou les musées de l’Université de Cambridge qui ont développé un jeu de chasse au trésor sur le sujet.
  • Conceptions de programmes éducatifs à l’attention des écoles ou comment réécrire en coproduction avec les enseignants et élèves les règles d’engagement de lutte contre le changement climatique : Cas des 10 musées de Pennine Lancashire (Curious Mind), Manchester Museum et Oxford University Museum of Natural History.
  • Lutte contre les émissions de gaz à effet de serre par les musées grâce à la limitation de l’usage des énergies fossiles: Workshop par le Creative Green Programme, Good Energy et Julie’s bicycle accelerator program. Cas du Visual Arts and Climate Change Adaptations in Scotland 2019 .
  • Problématique des données numériques : doit-on tout numériser? Comment stocker ces data et les conserver ?
  • Questionnements sur les initiatives déjà en place et recherche de nouvelles solutions : Cas du Charles Rennie Mackintosh’s Museum et ses deux toits, des expositions itinérantes ou du recyclage des expositions temporaires (cas du Science Museum group et du Leeds Museums & galleries), du stockage (Cas de l’Imperial War Museum) et des bonnes pratiques quotidiennes (Natural History Museum)
  • Place du leadership et des nécessités de changement de méthodologies : Workshop Conscious Business People and School of the Wild.
  • Responsabilité éthique et sociétale : Comment s’associer avec des mécènes partageant les mêmes valeurs ? Avec la présence de l’avocate activiste Farhana Yamin qui a rejoint le mouvement Extinction Rebellion, et de l’écrivain Mme Ahdaf Soueif, ex-membre du comité de direction du British Museum.

Quelques exemples de bonnes pratiques

L’Art Council Museum finance régulièrement les meilleurs projets environnementaux dans les institutions culturelles. L’un des ateliers abordaient les bonnes pratiques développées par les institutions récompensées.

  • Tyne and Wear Archives and Museums est l’un lauréat du programme. Ils ont déjà obtenu huit certifications après audit de l’équipe Julie’s Bicycle certifiant leur engagement : passage à l’énergie propre, économie d’eau, non consommation de plastic, recyclage et fair trade dans les produits pour les boutiques. Iain Watson, La directrice reconnait qu’il s’agit également d’un moyen pour équilibrer les budgets dans un contexte de diminutions des resources ainsi que d’un apport indéniable en termes d’images et de communications pour la marque musée.
Exemple de compte rendu d’audit réalisé par Julie’s Bicycle
  • Le Lyric Hammersmith Program a également été récompensé par Julie’s Bicycle. Sian Alexander, directrice executive, insiste sur le fait que les pratiques environnementales peuvent se conjuguer avec la recherche de nouvelles sources de revenu.

Ainsi le remplaçant systématiquement des bouteilles en plastic par des fontaines a généré la création d’une gamme de produits dérivés à la marque de la compagnie type gourde, graines à planter ou miel produit sur le toit de leurs locaux. Celle-ci non seulement génère des profits mais favorise un lien fort avec le public, surtout auprès des jeunes.

  • New adventures, compagnie de ballet, a pour sa part choisi lors de ses 23 tournées annuelles, d’opter pour un évangélisation de bonnes pratiques auprès des salles qui les accueillent. Leur ‘Green adventures’ est un modèle tout a fait adaptable aux expositions muséales itinérantes. Imogen Kinchin, executive director, insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de sermonner mais d’imposer ‘a gentle pression’ en contactant en amont la personne qui se sent la plus concernée par le sujet et en l’assistant à l’année pour devenir un Green Champion pour sa propre communauté. New Adventures est également récompensée par le programme Julie’s Bicycle.

“ It is a way to connect the dots across the UK, a very good way to empower people and bring another generation of staff.” Imogen Kinchin

Intervention de Mme Ahdaf Soueif, écrivain d’origine égyptienne, ex-membre du comité de direction du British Museum

Pour comprendre sa participation à la conférence, il est nécessaire de lire les deux positions : celle de Mme Ahdaf Soueif, publiée le 15 juillet 2019 dans lors de sa démission (“On Resigning from the British Museum’s Board of Trustees) et le soutien du British Museum à British Petroleum (BP) en réponse, relaté dans un article d’Artnet du 1 août. Par ailleurs c’était la première fois qu’elle s’exprimait devant la communauté muséale depuis son départ.

Selon Mme Ahdaf Soueif, la raison d’être du musée a été oubliée pour laisser place à sa gestion. Le musée, en détenant le passé, doit nous informer, éclairer notre présent et nous aider à construire le futur. Mais le musée a en son pouvoir de narrer le passé, ce qui implique des décisions politiques et de mise en oeuvre du pouvoir. Donc en cela les musées sont responsables et ne sont pas neutres.

“Museums have the responsibility to find the cohesive line to draw humanity together and help to think the big issues of our time […] Institutions that are in a high power because of their collections, reputation, have to position themselves ethically.”

Ahdaf Soueif est ensuite revenue sur les raisons de son départ du British Museum expliquant sa désapprobation concernant le mécénat de BP :

  • Incompatibilité du choix d’un mécène “pollueur” en ces temps de changement climatique avec la fonction éducative des jeunes générations par le musée
  • Rapport inégal entre la notoriété que ce mécénat conférait à BP au regard de sa participation dans le financement du musée qui, selon elle, était très inférieur.

En cloture de la conférence, Mme Ahdaf Soueif, vivement applaudie par la salle, a enjoint les membres des différents comités de direction à diriger les musées de la manière la plus éthique possible.

To be continued-#museums2019-Part 5-Formation numérique et digitalisation dans les musées

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Elisa GRAVIL , Museovation
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Written by Elisa GRAVIL , Museovation

CEO of #Museovation. Love to share my experiences with others about digital transformation in cultural institutions. Let’s get in touch on Twitter: @ElisaGravil

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